Blog de Fleur-d-Amour-Carine-K

Ce qui frappe à l'approche de Carine Klein, c'est à la fois son œil pétillant et sa tendresse pour ses compagnons de vie que sont ses tableaux. Elle les aime, elle les bichonne et le visiteur ne sent que trop aux détours des anecdotes autour de la genèse de chacun, la tendresse qu'elle leur porte.

Carine Klein est un artiste hors du commun qui réussit l'exploit de faire se rencontrer sur la même toile l'effronterie d'un Tomi Ungerer avec la liberté truculente des peintres naïfs de l'école de l'Hlebine, le tout saupoudré de l'innocente grâce d'un Chagall.
Car, s'il est bien un signe distinctif dans chacun de ses tableaux, c'est dans l'innocence qu'ils dégagent. Les cœurs tendres aux couleurs bonbon, guimauve ou mistral, les regards angéliques, les petits détails espiègles à réveiller les cœurs de mômes, l'agencement féerique des couleurs et des objets, c'est le secret de l'effet que produisent les univers poétiques de Carine Klein sur les visiteurs de ses expositions. Le monde merveilleux que l'artiste déploie sous nos yeux étonne à plus d'un titre car on y voit souvent le vice côtoyer la vertu, le stupre côtoyer le divin, le tout baigné dans des couleurs aussi tendres que dans les bonbonnières d'autrefois. C'est comme si elle retranscrivait avec son pinceau la capacité d'un enfant à saisir l'instant vrai.

Pourtant... Pourtant... Rien ne laissait présager que cette autodidacte de génie devienne un jour un artiste de renom. Après un parcours de vie éprouvant, parsemé de moments douloureux que sont la perte des êtres qui lui sont chers, elle se trouve confrontée aux terribles souffrances de l'âme et aux dures épreuves de la vie et parvient (certainement mue par une foi dont elle n'a pas encore conscience, que l'on pourrait qualifier de foi immuable en l'innocence) à suivre une autre voie. Elle se retrouve dans un atelier de peinture de Moselle Est qu'elle fréquente de façon régulière et assidue.
Une fois, la technique maîtrisée, notamment la technique de la lumière, elle couvre ses toiles de ses univers, nous ouvre sa « boîte à images » et c'est là qu'elle se révèle et nous révèle le monde qui l'habite, comme si le geste, son geste de peindre, opérait en elle une démystification de tous les instants maudits de sa vie.

« Le pire ennemi du moi », dit Carine Klein, « c'est le moi lui-même » . Ce n'est pas tant la réalité qui nous atteint et nous fait souffrir, c'est plutôt le regard que l'on porte sur cette réalité. Il appartient à chacun de nous de changer ce regard s'il veut aspirer à la quiétude.

C'est cette façon de voir les choses autrement qui nous émerveille dans ses peintures en même temps qu'elle nous nourrit d'espoir.

Christine Zanon .